Le jour ou j'ai rencontré ma mère

Lu, onze ans, rêve de sa mère dans le lit de son foyer d’accueil. Celle-ci, dit-elle, est une célèbre cascadeuse hollywoodienne. Mais lorsqu’elle vient enfin lui rendre visite, Lu se retrouve malgré elle embarquée dans un road trip endiablé direction la Pologne. Elle se rend vite compte qu’avec Karina, sa mère, c’est tout ou rien. La réalité va rapidement les rattraper et les obliger à décider de ce qu’elles sont prêtes à faire pour rester ensemble…

• "Kiddo" se présente comme un road movie entre les Pays-Bas et la Pologne. La rencontre de ses deux personnages et l'imagination fertile de la petite, est d’ailleurs ponctuellement mise en images, au travers de photos, dessins ou extraits de films. Nous font penser à des Thelma et Louise de l’Est, qui se retrouvent aussi dans des décors qui évoquent les étendues désertiques américaines, la photo sublimant parfois le sordide des lieux. Mais c’est dans le lien entre les deux personnages et le basculement de l’admiration inconditionnelle de la fille vers des perspectives plus constructives, que le scénario parvient à toucher, offrant enfin des perspectives plus stables à cette petite fille de 11 ans. Abus deCiné
• Ça signifie que la plupart du temps, on a affaire à un récit enjoué, un film "sur la route" à la saveur rétro où le temps ne presse en rien, pour nos héroïnes. Karina a l'allure d'une babydoll des années 1970, écoute Dusty Springfield et mentionne Bonnie and Clyde. Elle crée sa propre réalité parce qu'elle aussi, elle a été déçue. C'est le cercle vicieux classique, où une personne en prive une autre de ce qu'elle-même aurait tant voulu avoir aussi. C’est un problème reconnaissable et, au bout du compte, une intrigue reconnaissable, avec un enfant de plus qui va devoir grandir trop vite et ne peut jamais se sentir totalement tranquille, parce que son parent ne sera jamais quelqu'un à qui on peut faire confiance, mais l'idée de faire se jouer l'histoire dans l'esprit de Karina aussi, d’une certaine manière d'épouser son imagination et ses rêves, porte ce film à des lieues (littéralement) du drame social typique. Cineuropa
• Après plusieurs courts métrages remarqués (notamment Sirène en 2017, Yulia & Juliet en 2018), la réalisatrice néerlandaise Zara Dwinger poursuit avec ce premier long métrage son exploration du monde adolescent adoptant ici le point de vue de Lu, 11 ans, qui va renouer le contact avec sa mère jusque-là absente et fantasmée le temps d’un voyage à bord d’une vieille voiture semblant tout droit sortie d’un film des années 70. Puisant dans les codes du road-movie, Zara Dwinger filme l’Europe centrale comme si c’était l’Amérique et convoque, par sa mise en scène, tout l’imaginaire du Nouvel Hollywood. Il faut dire que Karina, la mère de Lu, vit cette « balade sauvage » comme la fuite de Bonnie and Clyde et se réfugie dans les films et les situations fantasques pour échapper à un réel qui la dépasse. C’est Lu qui, du haut de ses 11 ans, lui montrera le chemin et sortira grandie de cette aventure : opposant à la devise du « tout ou rien » de sa mère la sienne, le « juste un petit peu ». Gage d’un début de relation. Elsa Na Soontorn - Cin’Hoche, Bagnolet